Raid IMILCHIL

Mai 2002 avec Sud Expé

 

Dimanche 28 MAI : Pau – ALGESIRAS

6h00 ce dimanche matin, nous démarrons avec Patrick, les deux motos sur la remorque. Peu après midi, nous passons Madrid, direction la N IV pour descendre sur le sud. Nous décidons judicieusement de déjeuner à l’heure espagnole et ce n’est qu’à 14h que nous nous arrêtons faire le plein et manger un sandwich.

Nous sommes grandement dans les temps, malheureusement des bouchons nous ralentissent énormément après Grenade (il valait mieux prendre par Séville) et ce n’est que vers 20h que nous rallions le camping « La casita » à San Roque, une trentaine de km avant Algesiras.

Nous retrouvons là les membres de l’Organisation qui sont en train de remettre tee-shirts, auto collants et points GPS aux différents participants. Nous avons à peine le temps de faire connaissance avec les autres et il faut déjà monter la tente avant la nuit, puis partir manger avant de se coucher rapido : demain les cantines doivent être chargées dans le camion à 6h00 ! 

Ca démarre !!!

 

Lundi 29 Mai : 

ALGESIRAS – AZROU

Lever à 5h00 (heure Espagne). Après une nuit humide nous démarrons en trombe dans le camping : Nous croisons dans la pénombre des campeurs ahuris. L'un deux, le rouleau de PQ à la main, tout ébouriffé dans son slip Kangourou, me fait même un bras d’honneur dans la lueur des phares.

Aucun doute, le souffle grisant de l'Aventure est bien présent en ce Dimanche matin à San Roque! 

Nous prenons la route de nuit après avoir garé voiture et remorque dans un enclos (400 Frs de gardiennage pour le séjour). Déjà, on se félicite d'avoir pris des vestes un peu chaudes.

A 7h15, nous embarquons dans le ferry ou je me rendors et une petite heure plus tard nous posons les tétines à CEUTA. On fait les pleins et faisons connaissance avec deux types en side car qui ont l’air assez sympa : c’est un 850 TDM qui a fait le Dakar il y a quelques années et avec un sacré look ! Nous renquillons jusqu’à la douane où nous attend une grosse galère : tout le monde arrive en même temps, pas de file d’attente, c’est à celui qui se faufilera le mieux, bref la cohue : aucun doute, c’est bien la douane Marocaine. Quelques coups de tampons plus tard, nous sortons miraculeusement et filons en direction de FES accompagnés du side qui se régale sur les routes sinueuses du Nord. Ca balance sec dans les chicanes !

On passe Chefchaouen sans s’arrêter, mais c'est une jolie ville.

Peu après, nous laissons partir le side et enchaînons la route avec un suisse pur jus (avec l'accent et tout) qui est arrivé depuis la suisse avec un BMW F650, qui fera le raid, et qui repartira avec son BM en Suisse. Il faut aimer la moto, OU BIEN...? aimer la moto!

Bref, le genre d’histoire qu’on ne voit qu’avec le Suisses ou les Allemands (mais celui là n’avait quand même pas le top case et les valises en alu).

Nous déjeunons donc ensemble dans une gargote bien marocaine (n’empêche que c’est jamais  là qu’on chopera la tourista, hein Patrick… ?) et nous repartons après manger sans notre Suisse (et sans en manger de petit non plus) pour la suite.

Dans l’après-midi, je manque de tomber en panne d’essence, et après avoir fait le plein, je repars péniblement et pétaradant sous le regard ahuri de l’idiot du village. Bref, après avoir amusé la population, nous reprenons rapidement de la piste et après avoir déjoué les premières erreurs du road book nous arrivons presque les premiers dans une petite clairière bien paisible où sera notre premier bivouac. 

Le petit camion jaune ne tarde pas à arriver, nous déchargeons les cantines et nous avons le plaisir de goûter un apéro surprise offert par l’organisation dont les membres nous paraissent bien sympa : il y a Christian, le boss, Pepito et Jean Yves qui conduisent le camion, un monsieur et une dame qui ouvrent le matin et l’assistance médicale et mécanique qui ferment la marche. Pilote et singe du side-car sont déjà en combi de mécano en train de bricoler (d'ailleurs, avec leur engin, il valait mieux être bricoleur). Nous dégustons une délicieuse salade préparée par les chauffeurs-cuisiniers-plongeurs du camion (ATTENTION : prévoir ses couverts, ils ne sont pas fournis par l’organisation !!!).

 

Bivouac dans la forêt d'Azrou

La nuit dans la clairière sera des plus paisibles, à peine troublée par l’arrivée tardive d’un motard vers 22h, Fabien FOLGOAS (cousin de Georges) dont nous reparlerons plus loin.

Bon allez, au dodo : demain on traverse l’Atlas et il y a quelques 485 km (mi piste mi route) à se taper.

Chargement des cantines prévu pour 6h30.

Vivement qu'on reprenne le boulot, qu'on puisse enfin se reposer…

Mardi 30 Mai : 

AZROU  – TINEHRIR

Longue étape en perspective. Deux stressés sont même partis à 6h00.

Hélàs, la moto ratatouille encore.

Après une bonne nuit douillette sous la tente, le bivouac s'éveille au petit jour. Nous avons tout sous la main : petit déjeuner préparé par nos camionneurs, les toilettes en haut à gauche : on se croirait presque à la maison.

On range un peu la cantine, on la charge et il est déjà l'heure de démarrer à 7h et des brouettes.

Ma moto ratatouille de plus belle mais ce n'est rien à côté du side qui pète tous ses rayons sur 1 côté roue arrière. Nous continuons seuls après que 2 papis (les 2 "d'époque") aient prévenu l'organisation avec leur portable, et le side rejoindra Tinehrir par la route.

 

Il ne fait vraiment pas chaud et on sent bien le froid piquant de l'altitude. Une fois de plus, nous nous félicitons d'avoir gardé les vestes chaudes que l'on comptait donner en arrivant sur les terres marocaines : en fait nous les conserverons jusqu'à la fin.

 

Sur la piste d'Imilchil

 

Après un peu de route le matin nous enchaînons pour 70 km de piste assez cassante pour déboucher près d'Imilchil. La piste était un peu fatigante et on en a plein le Q en sortant. Après avoir rattrapé Patrick qui filait bille en tête dans la mauvaise direction, nous gagnons Imilchil sous un fort vent froid. Beaucoup de motards sont là et font le ravitaillement d'essence chez le restaurateur du coin qui avait fait monter 300 l dans des fûts.

 

Sur la piste d'Imilchil (qui n'en finissait plus!)

 

Nous en profitons pour casser la croûte, faire les pleins et nous repartons sous un ciel peu engageant, laissant le patron de l'auberge à son activité débordante. Imilchil n'est pas un village tel que je nous l'imaginions : aucun charme particulier… En plus, il fait gris et ça CAILLE!

Nous reprenons une piste après avoir dépanné un motard en XT dont la poignée d'accélérateur glissait. Puis nous montons vers un col avec un temps de + en + couvert qui cède bientôt la place à de la pluie puis de la neige (voir photo). La descente du col est délicate : ça glisse.

 

On se congratule mutuellement de ne pas avoir donné nos parkas!

 

Enfin, nous retrouvons quelques villages dans la vallée et nous continuons vers Boulemane du Dadès. En fait, je pensais en être beaucoup plus près mais on n'a pas pu couper plus court et c'est encore un peu long. A la fin, on débouche sur le haut des gorges du Dadès (jusqu'où je n'avais pas poussé avec Maylis lors de notre dernier séjour au Maroc) et malgré la fatigue, on apprécie ces beaux paysages. La route vers Boulemane est encore longue et arrivé là bas, il faut rejoindre Tinehrir par la route (environ 50 km) avec encore un vent violent de face qui n'est en plus pas très chaud.

 

Gorges du Dadès

 

Finalement, on arrive presque à la nuit et je retrouve des membres du raid africana à la station total qui fait l'angle : les Toulousains de l'an dernier se sont tous achetés une 400 XR rutilante et Gwenaël a toujours son WR400 Yam. Je ne m'attarde pas car je ne sais pas où est l'hôtel (en fait 300 m + haut) et j'arrive donc parmi les derniers cette fois à l'hôtel Sarrho. Dure journée : plus de 500 bornes (mi piste mi route). Comme la plupart, nous n'avons pas fait la boucle de la fin, peu avant d'arriver à Boulemane.   

 

Gorges du Dadès

 

Bon dîner au resto de l'hôtel et après s'être énervé sur le road book que j ‘ai collé dans tous les sens : au dodo. Je ne sais pas si c’est la fatigue ou l’énervement, mais j’ai une grosse poussée de chaleur en me couchant. Il paraît que j’étais rouge comme une pivoine.

Avec Patrick, on commence à se demander si à ce rythme on va finir le raid : on est loin des 250 km de moyenne! Heureusement, on va prendre le rythme dès le lendemain.

 

Gorges du Dadès

Mercredi 31 Mai : TINEHRIR - MERZOUGA

Une belle étape aujourd'hui, pleine de contrastes comme disait Christian.  Nous remontons aux gorges du Todra en compagnie du side qui nous abandonnera très vite dans un nuage de poussière, presque furieusement (alors que 10 minutes plus tôt, Satanas nous suppliait de rouler avec eux). Mais le même Satanas était encore plus stressé que moi, nous le verrons souvent plus tard ! Énormément de travaux dans les gorges où ils sont en train de tout goudronner. Discrètement, un motard s'est mis dans nos roues, c'est Fabien, un "petit jeune" bien sympa, qui, timidement, commence à devenir le troisième de notre petite bande. Peu après la fin des gorges, on tombe sur Bernard et l’équipe d’Africana qui font une petite pause. On discute un brin et on continue.

Petit arrêt Coca à Tamtattouche où nous nous délestons du carburant embarqué dans le sac, puis traversée des gorges d’Amellago, toujours aussi belles. Nous récupérons ensuite l’oued que nous avions traversé l’an dernier et Patrick, qui cale entre deux galets manque de se faire inviter au thé par un berger bien accueillant : au moment où il ramène quelques broussailles pour préparer le feu, la moto repart ; ce sera pour une autre fois !

Pour une fois, sans les parkas

 

 

En sortant de l’oued, nous faisons une pause rafraîchissante dans une palmeraie où coule une petite source et plaisantons avec des gamins qui nous examinent comme des cosmonautes. Vite après, nous retrouvons bon nombre de motards qui mangent à Goulmina mais nous préférons filer directo sur Erfoud pour déguster une Kelia que je me rappelle avoir mangé dans un café quelques mois plutôt avec May May. Nous retrouvons d’ailleurs là bas Christian, Jean-Yves et Pepito qui ont dû eux aussi flairer la bonne cuisine.

 

La pause magique de l'oasis

La tête des gamins qui voient un motard arriver

Une Kasbah avant Goulmina

 

On se repose tranquilou et quand le soleil est un peu descendu, nous mettons le cap sur l’Auberge des dunes d’or où le GPS nous conduit sans sourciller. Un motard malchanceux de la (DReam Team) s’est par contre planté en rentrant un mauvais point dans son GPS et il se perd et enlise sa moto dans un coin pas possible. Il rentrera à pied (11km) au bivouac dans la soirée avec un début de déshydratation.

 

La DR Team du temps de leur splendeur (avant que leur chef ne soit déshydraté)

 

De notre côté, on s’habitue à nos premières dunes avant une soirée bien agréable à l’auberge où nous faisons goûter le Blaye à notre tablée.

La casse continue (encore et toujours chez les motos) : un KTM doit abandonner pour boîte cassée.

Nous allions nous coucher sereins lorsque Christian nous met le stress en nous annonçant que demain, avant de commencer, on se fera le parcours du Dakar 99 où plein de concurrents s’étaient plantés.

 

 

Jeudi 1er Mai : Merzouga – Zagora  

Fête du travail, mais pas pour tout le monde. On continue donc.

« La grande piste du sud » : Comme Christian l’annonçait dans son programme. Aujourd’hui, nous nous engageons sur plus de 200KM de piste de pour rallier Zagora. C’est une étape que nous avions déjà fait l’an dernier, mais en allant jusqu’à Tazzarine. Nous démarrons en convoi dispersé de l’auberge des dunes d’or pour arriver devant un cordon de dunes : Il faut donc franchir ces quelques km de sable. Petit doute...

 

Patrick se crache dans les mains en voyant les dunes...

Nous démarrons derrière les premiers 4x4 et nous progressons bien vite sans trop nous rendre compte de la distance. En fait, il ne faut pas s'arrêter car après, c'est toute une histoire pour se relancer. Mais en anticipant bien, on prend vite du plaisir et c'est vraiment une impression de faire de la moto dans un océan... de sable. Après 2km nous marquons une pause car notre guide organisateur rebrousse chemin pour aller rechercher des retardataires. Patrick est planté juste un peu plus bas et peine à redémarrer la moto. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, nous sortons de ce « banc de sable » : finalement, c’était pas la mer à boire. Nous suivons le road book après que Fabien ait laissé ses démonte-pneus à 2 motards en panne et dépassons le camion qui gigote sur la piste juste avant Taouz. De là, nous suivons la piste bien tracée et je continue le tronçon avec pas mal de flair (il faut le reconnaître) jusqu’à Ouzina (l’an dernier, nous avions un peu jardiné dans le coin). Bref, nous stoppons à Ouzina pour un coca bien mérité après que je me sois distroyé le pied droit contre une espèce d’ornière de sable avec les rebords en pierre.

 


Les poulets des Landes, en train de rôtir en liberté

Après, il y avait un oued qui, à mon souvenir, faisait environ 500m, et nous alertons le side sur le sable mou de cet oued farineux. Cela ne fait qu'augmenter le stress de Satanas qui se lève presque d'un bond pour aller voir; le couple infernal repart donc dans la foulée. En fait, l'oued est plus long que prévu, et vraiment très mou. Heureusement, on ne s'arrête pas car je ne sais pas comment on aurait pu repartir sans élan. On soulève une poussière énorme, en fait c'est un oued de poussière! Je plains le Suisse (en plus, il n'y a pas de poussière en Suisse à ce qu'il paraît!).

Finalement, nous trouvons une issue différente de celle de l’an dernier me semble t’il. Patrick, qui roule devant, a failli se perdre : nous débouchons à 2 endroits différents et il nous distinguera in extremis grâce au nuage de poussière !

Nous continuons, et contrairement à l’an dernier où nous sommes passés je pense, plus au sud, la piste est un peu pénible : Enchaînement de sable mou, avec des mauvaises traces ; on tire sur les machines et je m’inquiète sur l’autonomie dans ces conditions. De surcroît, les traces deviennent de plus en plus rares et je me demande si on ne s’est pas écarté de la piste. En insistant un peu, nous parvenons finalement, guidés par un miroir, (décidément il y a des commerçants marocains partout !), jusqu’à Er Remlia : là bas, casse-croûte et longue pause : nous devons attendre le camion qui paraît-il a crevé.

Peu à peu les autres arrivent, même le Suisse qui en a bien bavé avec son F650 (j’espère que BM l’a sponsorisé). En tout cas, malgré son énervement en arrivant, il a quand même eu l’humour de se photographier près de sa F650 tankée de chez tankée.

C'est un galérien ou bien ?

Après le ravitaillement, nous filons sur une longue plaine roulante qui cède trop vite la place à du caillou bien pointu que l’on se coltine un bon moment en passant de petites montagnes. Comme toutes les « bonnes » choses ont une fin, nous débouchons, après le passage d’un col sur une bonne piste roulante qui nous dépose dans les jardins de l’entrée de Zagora. « Très bel hôtel à Zagora» comme le promettait notre organisateur où nous ferons une halte bien agréable.

 On se retourne… Oui oui, notre Fabien est toujours avec nous.

 Il ne nous reste plus qu’à mobiliser nos dernières forces pour convaincre Diabolo de ne pas abandonner le raid (de l’eau dans le gaz avec son singe Satanas) et nous goûtons à un repos bien mérité (du moins pour ma part : vive les boules quiès !).

Patrick, lui, continue de savourer les nuits marocaines avec Muezzin à 5h et bataille de chiens à 5h30.

 

Vendredi 2 Mai : 

Zagora – Dunes de l’erg Lihoudi


Ce jour là, 1 KTM a brûlé

Matinée de repos, ça fait du bien. Patrick est plus matinal que moi et je petit déjeune copieusement parmi les derniers. Aujourd’hui, nous laissons tout le monde partir devant et nous profitons pleinement de cette ½ journée en déjeunant au bord de la piscine. A 14h, on se lance, et après un plein d’essence à Zagora nous décidons de shunter un morceau de piste (je l’ai faite l’an dernier et ça n’a aucun intérêt particulier) et nous rejoignons Tagounite pour un plein d’essence. Là, nous retrouvons le side en pleine réparation de roue de panier (Satanas a laissé sa place à un nouveau singe pour le plus grand bien de Diabolo), mais le remplaçant à l’air un peu inquiet.

Patrick resserre un boulon qui perd l’huile, puis nous filons vers M’hamid avec un vent de sable qui se lève par endroits.

M’hamid est aussi inhospitalier que l’indique le Routard, sorte de village poussiéreux avant le désert où on se demande ce que font les gens de leurs journées. C'est assez inhospitalier. Nous suivons le road book plutôt que les indications fausses des gamins et tombons rapidement sur une sorte de piste en fesh fesh très molle qui doit nous mener selon le road book à 3 Tamaris au bout de quelques km.

En fait, il y a plein de Tamaris , mais nous n’en trouvons pas trois pile ! Au bout d’un moment, on se décide à prendre cap 0 comme on devait le faire, et on attend de croiser une piste (+ ou – loin comme l’indique le road book, qui est aujourd’hui un monstre d’imprécision). En fait, il y a des traces un peu partout, qui s’effacent au bout d’un moment, nous partons un peu à droite à gauche, et… il faut se rendre à l ‘évidence, nous nous sommes un peu égarés, et… le soleil est déjà par terre, et… il commence à faire soif, et… VERIDIQUE, surgit au milieu de nulle part un squelette de dromadaire en état de putréfaction…

 

On a alors notre petite dose d’aventure. Le carburant commence à manquer (on a déjà tourné en rond pendant une cinquantaine de km) et ,bêtement, j’ai pour ma pour laissé toute mon eau au 4x4 du toubib que l’on a vu à la station. Cela fait 2 fois que je tire au camel bag de Patrick, je suis mort de soif.

Maintenant persuadés de nos erreurs de navigation, nous décidons de nous en remettre au sacro-saint G.P.S. Nous sommes à une vingtaine de km du pt 26 et décidons de tirer tout droit vers ce point 26 en espérant que l’organisateur ne se soit pas planté (à moins que le e-trex ne se mette à bugger ?).

 

La VRAIE assistance du jour

Bref, petit doute pendant une heure ou deux : nous nous en remettons maintenant plus qu’à cette petite flèche et la nuit commence à tomber. Il faut franchir quelques failles de quelques 1 à 2 m de haut causées par les pluies exceptionnelles de ces derniers jours. Parfois, on tombe sur de la boue ; parfois sur des zones pleines de cailloux pointus. On ne traîne pas pour franchir les obstacles qui viennent à se présenter, et je croise les doigts pour que personne ne crève (un pneu), ne chute ou se blesse ; J’espère que notre Fabien (que l’on ne connaît pas encore très bien), ne craquera pas nerveusement en jettant sa moto par terre en nous reprochant de l’avoir perdu dans le désert ! En fait, en bon informaticien, il s’en remet au jugement de la machine qui, reconnaissons le pour une fois, n’a pas failli.

Tous les km ou presque, nous comparons nos visées et alors que la nuit est là : MIRACLE : nous entrevoyons les feux de  quelques 4X4.

Fabien nous pousse quand même un hourra de soulagement. Je crois que nous lui avons fait écho.

En fait, nous sommes à l’oasis Oum La Leg (oasis sacrée) et non pas au passage d’oued que nous indiquait le road book. Notre organisateur s’était donc planté (bravo ! vu le prix qu’on paye), mais heureusement dans le bon sens.

Après un petit jardinage (dû peut-être à l’excitation), nous retrouvons le dit Organisateur qui nous indique la bonne piste, direction les dunes.

Patrick se vautre lamentablement dans ces pièges que l’on ne trouve qu’au Maroc : Tout à coup 2 pistes : l’une aboutit tôt où tard sur une crevasse de quelques mètres ; l’autre la contourne… L’essentiel étant de savoir laquelle prendre, et à défaut, de voir loin devant soi, ce qui n’est pas notre cas (il fait nuit noire et les motos éclairent bien peu). Et en plus, Patrick a le masque « plage ». 

J'admire donc dans mes phares un superbe Soleil que je n'avais pas revu depuis la transpyrénéenne où notre Patrick, (Champion de la rue de l'Ariel, rappelons-le) s'était acharné en vain et à plusieurs reprises dans un raidillon près de Font Romeu. Heureusement, pas de bobo. 

Nous arrivons vite dans le massif de dunes où l’on se faufile de nuit, guidés par une lumière au loin. Nous sommes surpris de l’atmosphère humide qui y règne. On nous le confirmera plus tard, il a plu 2 jours auparavant, et on trouve de véritables bourbiers à certains moments. Vraiment curieux !

Et nous arrivons à 9H30 au bivouac magique avec notre camion bien aimé dont les chauffeurs nous ont déchargé les cantines et préparé, devinez quoi ?… des raviolis !!! mmmhh !!

Excellente et très courte soirée. Demain, nous ne le savons pas encore, mais la plus belle journée du raid nous attend…

 

Samedi 3 Mai : Erg Lihoudi – TATA

Le soleil n’est pas encore levé que le bivouac, lui, s’éveille peu à peu. Notre Pépito national, allongé sur une planche qui repose sur 2 cantines, me fait un signe de la main en se frottant les yeux de l’autre. Le café n'a pas l'air près d'arriver!

Après le petit déj. nous faisons le plein des motos + bidons de 5l dans le sac à dos. Avec les 2l de flotte, ça pèse un peu derrière. Nous démarrons en suivant la trace de Christian qui trouve les bonnes passes, mais nous nous rendons très vite compte qu’avec un peu de vitesse, avec de surcroît le poids du sac bien sur l’arrière, c’est un vrai régal de piloter les motos. Chacun y va de son petit surf sur les flancs des dunes : c’est génial.

Le mieux, c’est pour franchir les dunes : il faut garder les gaz jusqu’au dernier moment pour ne pas se planter en montée, couper sec juste avant la crête pour laisser la moto basculer de l’autre côté et envoyer plein gaz pour ne pas planter l’avant, dans des descentes qui sont parfois vertigineuses. Je ne m'étais jamais autant amusé en moto.

Un âne étonné regarde passer la caravane (était-ce un mirage cet âne ?). Bref, de fil en aiguille, on fait 30 km dans ces dunes et on reste sur notre faim quand ça s’arrête.

Nous arrivons sur le chott Iriqui, qui paraît il était rempli de 50 cm d’eau il y a 2 jours ! On roule comme d’habitude au taquet sur cet immense billard en prenant garde tout de même aux flaques de boue par endroits. Petit arrêt près d’un poste militaire et prenons l’option de rejoindre Foum Zguid par une piste extrêmement cassante délaissant l’autre côté où semblait se lever un vent de sable. Nous déjeunons sur la place du village et choisissons de rallier Tata par la route, ce qui valait son pittoresque : pas une voiture de croisée en 100 km, et nous dépannons même notre camion d’assistance qui avait crevé.

Petit arrêt à Tissint pour téléphoner et où le bistrot du coin nous refile des boissons style Haribo (déci-dément quand c’est pas « pli d’essence » c’est « pli d’coca msié ») ; mais à 3 dirhams les 3 consos… allez ! on invite Fabien !

Arrivée à Tata en fin d’après-midi, où nous sommes hébergés dans l’hôtel des derniers inscrits (un peu rusticos par rapport à l’autre) mais nous dormons quand même très bien.

 

 

Dimanche 4 Mai : TATA – Fort Bou Jerif
Encore une belle diversité de paysage sur cette longue étape : après un petit bout de route, nous passons dans des villages très colorés et enchaînons sur de superbes pistes de montagne en surplomb. Après, on se tape 30 km d’oued en galets : pas génial. Nous déjeunons dans un bouiboui comme d’habitude où il valait mieux aller voir chiottes et lavabo après manger !

Petit village après TATA

Fabien essaie de lier conversation avec la population locale

A la pause...

Nous reprenons la route pour un petit jardinage qui nous oblige à du gymkhana pour traverser des petits oueds et retrouvons la bonne piste. Encore de l’oued et on arrive à de la route ; il fait bien frais sur la route, et la pluie menace…

Nous arrivons quand même au sec à Guelmim pour un dernier plein et nous arrivons assez rapidement à Fort Bou Jerif où nous attend le campement. Le ciel est bien couvert et il ne fait toujours pas très chaud.

Bien inspiré, je monte ma tente à côté et laisse mes deux compagnons assister à la bataille de chiens du petit matin !

Lundi 5 Mai : 

Fort Bou Jerif – Marrakech

Très longue étape. Nous allons parcourir 550 km aujourd’hui. En plus, nous choisissons ce jour pour jardiner, tomber en panne et choper la pluie. Ondirait pas sur cette photo prise le matin.

Je suis arrivé à Mimizan, ou bien?

 

Fabien et Patrick qui se prennent pour des bêtes

LA  bête

 

Très vite après avoir démarré, Patrick casse son guide chaîne et nous perdons 1/2 h pour réparer. En se précipitant un peu, on part plein sud au lieu de remonter la côte au Nord et perdons encore une bonne heure. C’est pas grave, les points de vue sont magnifiques sur l’océan.

Un peu de route (il fait encore très frais) et nous enchaînons sur une magnifique partie de petites pistes sablonneuses en surplomb. Arrêt casse-croûte dans un nuage de poussière au centre d’un petit village où le DJ local nous assène de raï en boucle. Pistes encore plus belles après manger et notre Fabien choisit ce moment pour enrouler ses chambres à air dans le moyeu de roue AR, et nous perdons encore 1h à réparer. Il est 18h (20h en France) et il nous rest 180 km de liaison par la route pour rallier Marrakech. Il ne tarde pas à crachiner, on passe des petites montagnes et on se re-caille bien. Limite en essence et sans dirhams, nous frôlons la panne sèche et faisons le plein, la nuit venue sous des trombes d’eau. La suite est pénible, presque 100 bornes de route de nuit sous la pluie avec les pièges de la route que l’on connaît dans ce pays. Comme disait Fabien, « on en rigolera ce soir ! ».

Soudain, le panneau Marrakech ! Ouf ! Aidés par un Taxi bien sympa, nous trouvons l’hôtel rapidement et nous arrivons trempés et salle dans un superbe hall d’entrée.

Nous avons juste le temps de dîner et dodo. C’est pas encore fini…

 

Mardi 6 Mai : 

Marrakech – La Cathédrale

Patrick se réveille en vomissant plusieurs fois, il a dû prendre froid hier. Le public motard commence à accuser le coup. Quelques uns décident de rallier directement Fes par la route.

Nous continuons après avoir retiré des dirhams jusqu’à Azilal où l’on reprend de la pluie et il fait encore froid. Patrick est au plus mal et vomit dans les caniveaux sous le regard amusé des autochtones. Je le laisse se réchauffer au bistrot et part écouter le brieffing du chef. En fait, la piste n’est pas praticable et il faut rejoindre le bivouac de la Cathédrale par la route.

Vu l’état de Patrick et la météo, nous décidons de rejoindre Fes par la route comme bon nombre des motards qui restent. Quelques voitures font de même.

Nous reprenons donc la route, heureusement réchauffés par de belles éclaircies. Les paysages sont superbes : ciel plombé et champs d’un vert fluorescent. Après Beni Melal, nous stoppons à Kenifhra, ville somme toute assez sympatique car sans touristes. Patrick se couche jusqu’au lendemain en arrivant. De mon côté, je pars me balader en ville.

 

Mercredi 7 Mai : Kénifhra - Fes

 

Lever presque morose, la piste c’est fini. Heureusement, comme toujours au Maroc les routes sont magnifiques et c’est un plaisir de faire de la moto même sur le goudron.

Nous récupérons les motos dans le garage minable où on les a posé la veille et on repart. Halte à Ifrane (1600m) où il fait chaud comme à Gourette un 11 Novembre. Nous y dégustons quand même de bonnes pâtisseries.

Arrivée à Fes où nous logerons à notre grande surprise au Sheraton ! Nous partons à la découverte de la medina : sympa. Au retour, nous hélons un taxi qui se plante lamentablement dans un trottoir en nous regardant. On est passablement gênés, et nous repartons résolument à pied à l'Hôtel.

 

Jeudi 8 Mai : Fini le fesh fesh. 

Aujourd’hui c’est Fes Fes

"Ils" se reconnaîtront

 

Nous profitons de la journée pour de dernières emplettes. Les rescapés du raid arrivent à l’hôtel en fin d’après-midi. Il paraît que là haut à Imilchil les conditions étaient Dantesques.

On fait un tour de side avec Diabolo dans les rues de FES.

Dernière soirée sympa, nous arrivons à récupérer quelques sangles et profitons de la remorque de Fabien qui nous offre 2 places dans sa 205 commerciale. Nous rentrons donc en voiture. Heureusement : il a plu tout le long. On met 6h pour faire les 300 km de Fes à Ceuta.

Nous passons la douane et l’embarquement en super express et à 19 h nous quittons le camping « la casita ». Gros bouchons encore une fois en passant par Malaga – Grenade (se renseigner la prochaine fois !!! et prendre plutôt Séville.

A 3h du mat’ on stoppe au km 36 avant Madrid. Petite halte pratique avec garage fermé au bord de l’autoroute (30€ la chambre double) (Réf : "El 36" Ctra Andalucia km36 45224 SESENA (Toledo) tel 91-8936331 fax 91-8936144). Bien placé sur le trajet cette halte pour le retour. le lendemain, réveil à 7h30 et retour sans histoires en fin d’après-midi à Pau .

 

Ce que l'on a raté...

Nous avons quand même raté de bon moments, surtout vers la fin, car à ce qu'on nous a raconté :

Christian avait fait monter ce qu'il fallait pour le méchoui à la Cathédrale
Le soir on pouvait monter dans les chambres troglodytes avec les motos !
On pouvait même les laver si on voulait
A minuit, des motards roulant en Japonaise ont fait un grand feu de joie en brûlant une KTM et ont dansé autour.
En tous cas ils se seront pas mal caillé mais ils auront vu la Cathédrale.

Beaucoup d'autres photos ici

Et les POINTS